mardi 1 mars 2011

Le viol est un fléau à combattre avec toutes les énergies, estime une mère d’une victime


Burundi – Violences sexuelles
Le viol est un fléau à combattre avec toutes les énergies, estime une     mère d’une victime 
BUJUMBURA, 28 fév (ABP) – « Je lance un appel pressant pour que tout le monde s’investisse afin que le décès à neuf ans de ma fille Radegonde Sabarugira suite à un viol soit le dernier sacrifice en matière des violences faites aux femmes et aux filles. Que cette disparition tragique de ma fille benjamine le 17 février permette à toutes les autres filles du Burundi de recouvrer leur honneur et leurs droits », a déclaré samedi avec beaucoup de douleur à l’ABP la mère de la victime, Mme Ntawuyankira, à la fin des cérémonies de levée de deuil de sa fille. Elle a précisé que le viol est un fléau qu’il faut combattre avec toutes les énergies. « Au moment des soins de ma fille, j’ai  rencontré dans un cabinet médical un nourrisson et deux fillettes de trois et quatre ans qui ont été violées par des gens qui n’étaient pas encore connus. Pendant que les mères sont au service, des hommes passent chez elles, font semblant d’aimer ces enfants et de jouer avec eux et profitent pour les violer », a-t-elle ajouté. Elle a précisé que dans sa province de Ruyigi (est), on vient de libérer un homme qui se fait passer pour un fou, mais qui a violé dernièrement une fillette  de six ans. Ce criminel aurait déclaré qu’il allait alors continuer à commettre les viols. Mme Ntawuyankira estime en outre que la peine de prison à perpétuité infligée au meurtrier de sa fille est légère par rapport au crime commis. « Le meurtrier de ma fille méritait la pendaison sur la place publique. Quelqu’un qui tue de cette manière un petit enfant, s’il n’est pas tué, les autres répèteront l’acte. Dans son discours de levée de deuil, le représentant de la famille de feu Radegonde Sabarugira, M. Melchior  Ntawembarira, a appelé les associations à plaider pour le retour de la peine capitale au Burundi pour certains cas comme le viol des enfants. Il s’est réjoui des actions du CAFOB (Collectif des associations et ONGs féminines du Burundi), de l’ADDF (Association pour la défense des droits de la femme) ainsi que des avocats qui se sont investis pour que le criminel soit arrêté au moment où un policier avait tenté de le libérer. Il a même jugé de « légère » la peine de six mois d’emprisonnement infligée au policier. C’est comme s’il avait poignardé dans le poumon la famille de feu Radegonde  Sabarugira en considération du crime commis. M. Déo Niyongabo, conseiller juridique à l’ADDF, a remercié la famille de la victime pour avoir dénoncé le crime et résisté à la tentative de règlement à l’amiable de l’affaire. « Quand on ne dénonce pas de tels crimes, ça reste inconnu. Il faut que la population s’implique dans le combat contre les violences faites aux femmes et aux filles. Sinon les organisations n’auront pas de base pour contribuer dans la lutte », a-t-il souligné. Pour Mme Marie Kinyabuku du CAFOB, les femmes de ce collectif mènent depuis plusieurs années une lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. « Aujourd’hui,  avec la mort de la petite Radegonde Sabarugira, l’on voit clairement que ces violences ne  sont pas une création des associations. C’est le moment pour tous les Burundais de mener un combat acharné pour éradiquer ces crimes qui nous déshonorent », a-t-elle noté.  Elle a félicité la justice burundaise qui a pu travailler d’arrache pied pour qu’en si peu de temps, le violeur soit  jugé. « De cette manière, nous sommes convaincues que la loi spécifique sur les violences sexuelles en élaboration pourrait rencontrer l’approbation du gouvernement », a souligné Mme Kinyabuku. La loi spécifique favorisera le jugement rapide et écartera certains obstacles à la justice comme la lenteur et la corruption. Elle a interpelé toute la population à dénoncer les cas de viol. « Car se taire devant  un viol, c’est laisser tuer une personne comme la petite Radegonde Sabarugira vient de succomber », estime-t-elle.  Pour Mme Kinyabuku, « la communauté qui soutient que l’auteur ne soit pas jugé est ignorante.  Elle n’a pas encore ouvert les yeux ». Elle a interpelé les voisins à soutenir les victimes et leurs familles au lieu de les discriminer. Le CAFOB a, à cette occasion, remis à la famille de la victime, un soutien de « bois de chauffage (udukwi) comme on le dit en kirundi ». La petite Radegonde Sabarugira originaire de la commune Muriza de la province Ruyigi a été violée à répétition depuis Noël 2010 à Musaga (sud de la ville de Bujumbura) où elle vivait chez son oncle maternel. Elle a succombé le 17 février 2011, rappelle-t-on.

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