lundi 7 février 2011

L’affectation des terres ne tient pas compte de leur aptitude et de leur fragilité

Burundi – Environnement
L’affectation des terres ne tient pas compte de leur aptitude et de leur fragilité

BUJUMBURA, 7 fév (ABP) – Les grandes causes de la dégradation des terres sont leur mauvaise utilisation, leur exiguïté et le surpâturage, d’après M. Benoît Nzigidahera, spécialiste en environnement. En effet, précise-t-il, l’affectation des terres au Burundi ne tient pas compte de leur aptitude et de leur fragilité. Ainsi, suite à la pression démographique sur les terres dans la plupart des régions du pays, la population cultive même sur des terres marginales, sur des pentes trop élevées et impropres à l’agriculture, déplore-t-il. Aux yeux de ce spécialiste en environnement, le manque d’un plan d’aménagement du territoire et d’une politique nationale d’utilisation durable des terres sont à la base de cette mauvaise affectation. En outre, fait-il remarquer, il existe beaucoup d’intervenants avec des approches différentes en matière de l’utilisation des terres. Le manque d’une structure de coordination de tous les intervenants dans la gestion et l’utilisation des terres entraîne un désordre dans leur affectation. Selon M. Nzigidahera, la mise en valeur agricole du territoire national se fait depuis longtemps dans un cadre traditionnel. La persistance des pratiques culturales traditionnelles découle de la faible maîtrise des méthodes conservatoires des eaux et des sols par les populations. La majorité des agriculteurs burundais cultive dans des exploitations parallèles à la pente, ce qui favorise l’érosion, note-t-il. Selon cette même source, les dispositifs antiérosifs ne sont pas régulièrement mis en place. Ceux installés durant la période coloniale n’ont pas continué à être entretenus, car la population n’était pas suffisamment sensibilisée sur leur importance. A côté de cela, ajoute-t-il, le faible niveau de formation des exploitants agricoles et la faible capacité des structures d’encadrement agricole et de recherche en sont les éléments moteurs de la méconnaissance des techniques agricoles améliorées. De plus, la population burundaise double tous les 30 ans sur un espace limité.
Le morcellement des exploitations agricoles suite au système de succession provoque quant à lui l’atomisation et la surexploitation des propriétés familiales et limite les possibilités pour les agri-éleveurs d’accroître la production agricole par l’extension des terres cultivées, note-t-il, avant de faire remarquer que le parcellaire, qui est condamné à être labouré tout le temps, a atteint un seuil critique où il ne faut pas aller au-delà. Par ailleurs, il indique que les jachères n’existent plus et exposent ces sols à l’érosion. De même, le manque d’une politique claire d’emploi, en vue de développer d’autres activités alternatives à l’agriculture, renforce cette forte dépendance de la population sur la terre. Pour lui, le système d’élevage, faiblement intégré à l’agriculture, est dominé par un modèle extensif avec des animaux incapables de valoriser les efforts de l’agri-éleveur. La persistance de ces pratiques inappropriées est due au faible niveau de formation des agri-éleveurs dans les techniques d’intégration agro-sylvo-zootechniques. Le spécialiste Nzigidahera fait aussi remarquer que ce genre d’élevage entraîne à la longue la mise à nu des sols, la baisse de la fertilité et l’érosion.

Aucun commentaire: